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Newcastle, William Cavendish (1592 – 1676)

« Grand seigneur, homme de guerre et célèbre Écuyer anglais, 1592-1676. Il fut en grande faveur auprès des Rois Jacques Ier et Charles Ier, et ce dernier le nomma, en 1638, gouverneur du prince de Galles, depuis Charles II, et alors âgé de huit ans. L’année suivante, le Roi ayant rassemblé une armée à cause des troubles d’Écosse, visita Welbeck, résidence de Newcastle et y fut reçu par celui-ci avec une magnificence prodigieuse. Newcastle versa de grosses sommes dans le trésor royal vide, et leva à ses frais des troupes importantes. La jalousie que ces largesses excitèrent parmi les grands seigneurs anglais le força à abandonner les fonctions de gouverneur du prince de Galles et, en 1642, le Roi, qui n’avait ni troupes ni argent, lui confia la défense de la ville de Newcastle qu’il conserva à son souverain. Le duc de Newcastle finit par avoir une armée de 8000 hommes, levée à ses frais, et eut alors le pouvoir de battre monnaie, de conférer la chevalerie, etc. Il ouvrit au roi la ville d’York, mais cette place fut bientôt bloquée par trois armées. Le prince Rupert, neveu de Charles Ier qui avait une armée de 20000 hommes, la délivra de concert avec Newcastle; mais peu après, le 2 juillet 1644, ils furent tous deux complètement battus à Marston-Moor par l’armée du Long Parlement. Newcastle, ruiné et découragé, s’embarqua pour Hambourg avec sa jeune femme, puis se rendit à Paris où leur détresse fut telle qu’ils durent vendre leurs habits. Il alla alors habiter Anvers où il fut très bien accueilli. Il put y recueillir quelques débris de son immense fortune et y vécut en exil pendant 18 ans. Il s’était de tout temps occupé d’élevage et d’équitation et avait acquis une grande expérience de toutes les questions hippiques. Aussi, malgré la situation difficile dans laquelle il se trouvait à Anvers, il acheta plusieurs beaux chevaux « de Barbarie et d’Espagne » et les dressa dans un manège qu’il avait fait construire, « ce qui lui attiroit souvent des visites dès Princes et des Grands Seigneurs qui étoient alors dans les Pays-Bas catholiques ». C’est à ce moment qu’il composa et fit imprimer sa Méthode et Invention nouvelle de dresser les Chevaux. Il rentra en Angleterre après la Restauration et fut comblé d’honneurs et de titres par le Roi Charles II qui récompensa ainsi de son mieux la rare et méritoire fidélité de ce dévoué serviteur; mais Newcastle se retira dans ses terres jusqu’à sa mort, s’occupant d’élevage, d’équitation et de littérature. La fidélité qu’il montra à ses Rois, auxquels il sacrifia sa fortune et son repos, est digne d’éloges; il était aussi plein de bravoure et ses talents militaires étaient incontestables. Mais son orgueil et sa vanité étaient immenses. Sa réputation comme écuyer devint, de son temps même, universelle; toutefois, elle fut due au moins autant à sa situation sociale, à ses actions militaires, à ses aventures retentissantes, à l’estime que sa conduite politique inspira même à ses adversaires, aux éloges hyperboliques enfin qu’il adressa lui-même à son œuvre et qu’il sut bruyamment répandre autour d’elle, qu’à la valeur très contestable de celle-ci, ainsi qu’on le verra plus loin.« On doit à Newcastle, dit Mussot[1], comme à tous les anciens auteurs, de la reconnaissance pour avoir, dans leurs écrits, fait monter l’exercice de l’éducation du cheval à la hauteur d’un art et d’une science... » Mais, au point de vue de la pratique du dressage et de l’équitation, il en a certainement retardé les progrès. Sa position est déplorable; ses élèves et lui-même sont à cheval sur l’enfourchure « et non sur les fesses, combien que plusieurs croyent que la nature les a faites pour s’asseoir dessus, mais il ne faut pas s’en servir à « cheval... ». Il est facile de juger, par cette phrase devenue légendaire, comment il était placé : les cuisses et les jambes sont droites et raides, ses moyens de conduite trop souvent violents et pénibles. Avec son fameux caveçon, il brisait et contournait l’encolure du cheval, par l’effet d’une rêne de ce caveçon sévèrement attachée à la selle, de sorte que le malheureux animal finissait par marcher en regardant la botte du cavalier. Ses explications sont confuses, la division de son ouvrage manque de suite et de clarté, ses leçons sont entremêlées et noyées dans un luxe de détails prolixes, « fatras indigeste et diffus de raisonnements sans suite et de redites triviales » de sorte que, quoi, qu’il se trouve « au milieu de tous ces discours fastidieux, quelques bons préceptes sagement pensés et rationnellement énoncés », il est difficile de les y découvrir. Bourgelat, cependant, et Grognier après lui, l’ont couvert d’éloges ainsi que le Baron d’Eisenberg, qui, d’ailleurs, s’inspire presque exclusivement de lui. La Guérinière, même, qui cependant lui était bien supérieur et dont les principes sont fort différents, rend hommage à son mérite. Mais Mottin de la Balme et Bohan l’ont sévèrement jugé. Enfin Mussot fait de son œuvre une critique détaillée et très étudiée dans laquelle il ne le ménage pas. Newcastle eut sans doute été bien étonné s’il avait pu entendre ses contradicteurs. La satisfaction immense et naïve qu’il ressent de sa Méthode se traduit à chaque page : elle n’a été trouvée que par lui; ses moyens sont merveilleux et inconnus jusqu’à lui; les auteurs qui ont écrit avant lui sur l’équitation n’y entendent rien. La Broue est « fort ennuyeux » et cherche « à paroistre plus habile qu’il n’estoit ». Pluvinel, cependant, « fust un très excellent Escuyer... mais son invention des trois Piliers... n’est qu’une routine qui a gasté plus de chevaux qu’aucune chose ait jamais fait ». Quant à son propre livre « c’est le meilleur qui ait été escrit par cy-devant,... » etc.[2].Tous ces éloges hyperboliques que Newcastle se décerne à lui-même n’ont pu sauver son œuvre d’un juste oubli. Il n’en reste qu’un beau livre, supérieurement imprimé, orné de planches remarquables et qui doit néanmoins, pour cette seule cause, figurer sur les rayons de toute bibliothèque hippique. » Mennessier de La Lance (1915-1921)


Bibliographie (auteur principal)

2.Méthode nouvelle... Édition de Londres, Tho. Milbourn, 1671 et 1674, et traduction Solleysel, 1677 et 1700. Chap. I, Des divers Autheurs qui ovt escrit sur l’Art de monter à Cheval.