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Lafosse, Philippe-Étienne (1738 – 1820)

« Fils d’Étienne–Guillaume Lafosse, 1738-1820. Son père, après lui avoir fait faire ses humanités au collège d’Harcourt, exigea qu’il fît le métier de palefrenier, puis, pendant deux ans, celui de maréchal. Il apprit en même temps l’anatomie humaine et l’équitation, ainsi que la langue anglaise et divers arts d’agrément. Entre temps, il s’appliquait, dans les voiries, à la dissection des chevaux. À dix-huit ans, il fut chargé d’apprendre l’anatomie du cheval aux Chevau-légers et, dans l’intervalle de ce cours, il en faisait un autre, dans la maison de son père, à des maréchaux. Peu après, il fut nommé médecin ordinaire des Écuries du Roi, puis Vétérinaire en chef aux voitures de la cour, passa ensuite au corps des carabiniers avec lesquels il fit campagne, et enfin à la Légion Royale[1].
Il avait fourni, en 1764, à M. de Choiseul, alors Ministre de la Guerre, les plans d’une École de maréchalerie qui devait être établie à Paris, mais Bertin devint ministre et on établit l’École d’Alfort, en donnant à Bourgelat, ami de Bertin, l’inspection générale des Écoles vétérinaires, desquelles Lafosse fut systématiquement écarté par suite de l’animosité qui existait entre Bourgelat et les deux Lafosse. D’où la haine de Lafosse contre Bourgelat et contre l’École d’Alfort, et une polémique ardente dans laquelle, quoi qu’en aient dit certains biographes, partisans de l’un ou de l’autre des deux adversaires, les torts semblent avoir été réciproques. Son enthousiasme pour les idées révolutionnaires, naturel chez un homme aigri par d’injustes obstacles, sa participation à la prise de la Bastille, sa nomination à divers emplois municipaux et militaires sont affirmés par certains biographes et niés par d’autres.
En 1791, il fut nommé Inspecteur vétérinaire des remontes de la Cavalerie et remplit ces fonctions d’abord seul, puis avec plusieurs collègues réunis en comité. La composition de cet aréopage, qu’il nous donne dans la Préface de sa Nouvelle Théorie-Pratique d’Équitation, vaut la peine d’être rappelée. On y trouvait un ancien prieur des Chartreux, un perruquier, un ancien valet de chambre et un « aboyeur de carrefours » qui vivait en contrefaisant le cri des animaux. Deux anciens élèves d’Alfort, « en carmagnole et en bonnet rouge », assistaient aux séances « sans qu’on pût savoir le sujet qui les avait amenés ». Ces collègues choisis s’empressèrent de dénoncer Lafosse, dont la vigilance et la probité les gênaient, et il fut mis en prison où il resta 11 mois. Il devait monter sur l’échafaud le lendemain de la mort de Robespierre. Rentré alors dans la vie privée, il n’en sortit plus jusqu’à sa mort. En 1796, il avait été nommé Membre associé de l’Académie des sciences. Son premier ouvrage fut un Mémoire sur la morsure de la Musaraigne, lu à l’Académie des sciences le 23 Décembre 1757. Il a probablement été publié à part, mais je ne l’ai jamais rencontré. Il figure dans les Mémoires de l’Académie et a été reproduit presque entièrement à la p. 225 et suiv. du Guide du Maréchal. On sait que les anciens hippiâtres, y compris Solleyselet Garsault, attribuaient à la morsure de la musaraigne une tumeur charbonneuse qui se manifeste quelquefois à la partie supérieure et interne de la cuisse. Lafosse, complétant à ce sujet les recherches de son père, démontra que la musaraigne ne peut pas mordre, que la maladie qu’on attribuait à sa morsure était toute différente, et que les « remèdes proposés étaient ridicules et n’avaient aucun rapport avec la maladie». » Mennessier de La Lance (1915-1921)


Bibliographie (auteur principal)

1. Voy. pour la Légion Royale , Drummond de Melfort, note 1.